ما کی هستیم ؟Kush jemi ne ?من نحن ؟Who are we ?Кто мы ?مونږ څوګ یو ؟ - Ვინ ვართ ჩვენ ? - Хто ми ? - Biz Kimiz ?

Un bref instant de splendeur

  • Auteur·e·s : Ocean Vuong
  • Traducteur·ice·s : Marguerite Capelle
  • Type document : Livre
  • Catégorie : Roman, récit
  • Thématique : Exil - Migration
  • Éditeur : Gallimard - coll. Folio
  • Année de publication : 2021
  • Nombre de pages : 336

Lecture Osiris

L’auteur écrit une lettre sous forme de roman autobiographique à sa mère analphabète. Lettre qu’elle ne lira jamais et qui lui permet ainsi de lui dire ce qu’il ne pourrait faire autrement.

Sa poésie descriptive qui donne de la couleur et des sons aux mots permet de raconter les traumatismes intergénérationnels en livrant les histoires de trois figures de sa famille, la grand-mère, la mère et le fils.

L’auteur parle de la violence, qu’il connait tout le temps, il dit sa vie et parle des coups, comme si les souvenirs surgissaient malgré lui au milieu de sa vie.

La tendresse poétique des mots et des images est livrée avec une sincérité bouleversante, cette sincérité crue se retrouve dans le partage brut et sans fard des confrontations à la mort, à la guerre, au désir au travers de ses premières expériences sexuelles. Le désir qu’il découvre dans celui d’être vu.

L’auteur interroge les liens de filiation, la langue vietnamienne utilisée pour dire la violence et l’apprentissage de la langue américaine. La langue du pays d’accueil en écho aux mots qui sauvent, tant sa grand-mère durant la guerre du Vietnam que l’enfant qu’il est lorsqu’il reçoit des coups. L’analyse du mot « désolé » qu’il emploie comme on dirait « bonjour » car sa mère lui a appris à s’excuser d’être là, de ne pas attirer l’attention lui étant « déjà vietnamien » nous conduit à appréhender l’utilisation des langues dans sa construction identitaire.

Dans ce roman, l’auteur mélange les styles pour raconter l’impossible, la schizophrénie de sa grand-mère, le deuil, les pertes, les secrets de famille marqués par la guerre, le déracinement, le travail. Il parle du corps pour dire ce qu’il voit enfant mais qu’on ne lui dit pas.

L’auteur interroge les sentiments et les transmissions, en voici un extrait :

« Little Dog, a-t-elle dit dans un cri étouffé. T’es là-haut, Little Dog ? » Elle a tendu le cou, puis détourné le regard vers l’autoroute, au loin. « Ta maman. Elle est pas normale, O.K. ? Elle souffrance. Elle mal. Mais elle veut toi, elle a besoin de nous. » Lan piétinait sur place. Les feuilles crépitaient. « Elle t’aime, Little Dog. Mais elle malade. Malade comme moi. Dans le cerveau. » Elle a examiné sa main, comme pour s’assurer qu’elle existait toujours, et puis l’a laissé retomber.

Le garçon, à ces mots, a pressé ses lèvres contre l’écorce froide pour s’empêcher de pleurer.

Elle souffrance, pensait-il, ruminant les paroles de sa grand-mère. Comment quelqu’un pourrait-il être un sentiment ? Le garçon n’a rien dit.

Les ouvrages et documents peuvent être consultables sur place, notamment lors des formations. Pour toute demande d’informations sur cette référence, merci de nous contacter à ressources@centreosiris.org.