Le Dernier Jour d’un condamné
Lecture Osiris
Le Dernier jour d’un Condamné, plaidoyer en faveur de l’abolition de la peine de mort, fut publié pour la première fois en 1929, Victor Hugo avait vingt sept ans. Ce texte, dès ses premières éditions a suscité de violentes réactions que Victor Hugo avait d’ailleurs anticipées puisqu’il ne le signera qu’en 1832 accompagné d’une préface dans laquelle « l’auteur peut aujourd’hui démasquer l’idée politique, l’idée sociale, qu’il avait voulu populariser sous cette innocente et candide forme littéraire. »
Le lecteur suit le monologue intérieur d’un condamné à mort dont il ne saura rien ni de son crime ni de sa victime. Le texte suit le lent et inéluctable déroulement des heures qui mèneront la victime à l’échafaud. Cette fiction documentaire, dirait-on aujourd’hui, va droit au but, le style est simple et efficace car sans fioriture ni élément romanesque.
Victor Hugo faisant du lecteur le témoin intime des derniers instants d’un condamné donne à son texte une portée universelle. Dans sa préface il met son écriture au service d’un argumentaire qui garde toute sa contemporanéité. Il reprend en les démontant les principaux arguments des partisans de la peine de mort. Pourquoi éliminer un membre de la société alors que la prison perpétuelle suffirait ? « A quoi bon la mort ? Vous objectez qu’on peut s’échapper d’une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ? » Pourquoi la société a-t-elle besoin de se venger, de punir ? « Ni l’un ni l’autre. Se venger est de l’individu, punir est de Dieu. La société est entre les deux. Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous » et de préciser « elle ne doit pas punir pour se venger ; elle doit corriger pour améliorer. »
Pourquoi ce besoin de faire des exemples ?
Le spectacle des exécutions publiques censées épouvanter ceux qui seraient tentés de les imiter au contraire : « Loin d’édifier le peuple, il le démoralise, et ruine en lui toute sensibilité, partant toute vertu. »
Victor Hugo poursuit son plaidoyer en dénonçant « le droit exorbitant que s’arroge la société d’ôter ce qu’elle n’a pas donné, cette peine, la plus irréparable des peines irréparables. Cet homme est sans famille ni attaches de quel droit tuez ce misérable orphelin qui n’a reçu ni éducation, ni soins ? Ou que cet homme a une famille alors en le tuant vous décapitez toute sa famille. »
Entre raison et sentiment Victor Hugo cite l’exemple d’Etats modèles qui ayant aboli la peine de mort constatent une baisse progressive des crimes capitaux ! Il conclut alors plus largement sur la remise en question du système carcéral dont la peine de mort ne serait qu’une conséquence : « D’ailleurs, nous ne voulons pas seulement l’abolition de la peine de mort, nous voulons un remaniement complet de la pénalité sous toutes ses formes, du haut en bas, depuis le verrou jusqu’au couperet, et le temps est un des ingrédients qui doivent entrer dans une pareille oeuvre pour qu’elle soit bien faite. »
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